Le vieux Shérif, Pat Norrington venait de terminer son cigare. Il frotta ses mains raidies par le froid hivernal. Il contempla son lieu de travail, complètement vide, à l'exception d'une cellule, sur le sol de laquelle gisait une jeune femme brune, vêtue de haillons gris. Il tira la chaise de son bureau qui grinça sur le sol. Il s'assit dessus, prit ses petites lunettes de la poche de son veston, se saisit du livre sur le bureau devant lui.
Il entendit sa prisonnière se lever difficilement. Il se tourna vers elle. Elle le fixait de ses larges yeux bleus, encore bouffis de sommeil.
- Bien le bonjour ma petite dame, lui dit-il en souriant.
- Bonjour monsieur.
- Vous n'avez pas eu trop de mal à dormir avec ce froid ? Vous n'avez même pas utilisé votre couverture et vous avez dormi à même le sol !
- Le confort m'effraye. Il endort la méfiance.
- Je comprends votre point de vue, mais un peu de confort de temps en temps ne vous ferait pas de mal, vous avez l'air bien mal en point...
Elle resta silencieuse. Ses yeux balayaient la salle rapidement.
- Vous vous appellez comment monsieur ? demanda-t-elle de sa voix cassée
- Patrick E. Norrington, à votre service. Et vous ?
- Sam.
- Juste Sam ?
- Juste Sam.
Un long silence s'installa alors dans la salle. Le vent soufflait doucement sur les branches dénudées des arbres à l'extérieur, qui dansait au contact de celui-ci, de façon régulière. La cacophonie de l'extérieur semblait si lointaine, tant le silence régnait dans la prison.
Norrington retira ses lunettes pour se masser les yeux un instant. Il les remit à leur place initiale après avoir soufflé dessus.
- Vous savez pourquoi je suis ici monsieur le Shérif ? demanda la jeune détenue.
- Oh, vous savez, je me fais vieux, ma mémoire me fait défaut sur certains points.
- Vous ne voulez pas savoir ?
- Mademoiselle, je suis shérif, pas juge. Vous avez sûrement de faire ce que vous avez fait, je serais ravis de savoir qui vous êtes, ce que vous avez fait ne regarde que vous.
Elle le fixa avec une moue de surprise, puis esquissa un faible sourire en détournant le sourire
- Allez mademoiselle, j'ai tout mon temps.
- Il n'y a pas grand-chose à raconter. Mère décédée, père alcoolique, violent, vie composée de larcins divers et varié. Rien de bien original
- Vous avez tort de prendre votre vie à la légère, chaque événements, aussi insignifiant soit-il, vous défini en tant qu'humain.
- Vous pensez ? Je pense que quelle que soit la vie qu'on mène, elle reste vide face à l'absolu qu'est la mort.
- Chacun son point de vue mademoiselle, mais je comprends parfaitement votre point de vue, une jeune fille de votre âge qui a vécu une vie comme la votre...
Sam le fixa dans les yeux un instant, puis détourna le regard.
- Vous auriez pas une clope par hasard ? marmonna-t-elle.
- Désolé ma petite, je ne fume que le cigare. Vous en voulez un ?
- Non merci. Maintenant que j'y pense, vous êtes le premier à ne pas m'avoir jugé sur mon avis.
- à propos de ?
- De la vie. Tous les autres personnes à qui je parle de ma vision sur la vie me reproche mon pessimisme, me soutiennent que la vie est bien, qu'il y a toujours pire, que je gâche ma vie à broyer du noir...
- J'ai mon avis sur la matière, c'est sûr, mais j'aime entendre plus de points de vues, si tout le monde avait le même avis, la vie n'aurait plus aucun intérêt, vous ne trouvez pas ?
Elle le fixa quelque instant, puis le gratifia d'un véritable sourire. Il trouva qu'elle avait un air enfantin tout d'un coup, comme si ses soucis s'étaient envolé, comme une enfant insouciante.
- Vous êtes croyant ? demanda-t-elle
- Oui. Pratiquant. J'ai la foi, est elle m'aide à surmonter chaque jours. Et vous ?
- Non. Moi qui croyait que tous les religieux étaient tous bornés.
- Certains le sont, mais l'homme est plus compliqué que vous ne le croyez...
*
Le vieux John était assis sur les marches d'entrée de l'épicerie. Le regard dans le vague, il faisait face à la foule de villageois qui rentraient du travail, travaillaient, discutaient, s'amusaient...
Quels insouciants se disait-il. La vie pour eux était un acquis, et il ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez. Ils ignoraient que leur existence pouvait disparaitre d'un revers de main. Peut-être était-ce mieux ainsi ? Peut-être que vivre dans l'ignorance d'un destin morbide rendrait ceux-ci plus agréable qu'en connaissance de cause ?
Il était fatigué et terrorisé, sa propre mort était dur pour lui à assimiler.
Il voulait repousser la date, changer de vie, recommencer, faire toutes les choses qui lui avait été impossible auparavant. Il maudissait sa connaissance, elle le torturait, il en savait trop pour maintenir son équilibre mental, il se sentait glisser peu à peu vers la folie.
Un jeune garçon de 9 ans à peine s'approcha de lui.
- Tu es triste monsieur ? demanda-t-il de sa petite voix aiguë.
- Oui.
- Pourquoi ?
- Tu ne comprendrais pas.
- Mais monsieur, essaye, je suis pas bête tu sais.
- Que ferais-tu si tu savais qu'un grand malheur allait se dérouler, et que rien que tu fasse ne change quoi que ce soit ?
Le jeune garçon écarquilla ses grands yeux noirs, la bouche entre-ouverte, comme s'il réfléchissait.
-Alors mon petit ?
- Je ne sais pas, mais si je devait choisir, je ferais un maximum pour que les gens soient heureux !
Le vieux John sourit tristement.
- C'est beau ce que tu dis là mon petit, ton innocence et ta naïveté n'ont d'égal que ta gentillesse.
- Tout le monde est gentil monsieur, il faut juste trouver quelqu'un avec qui partager sa gentillesse.
John posa sa main sur la tête de l'enfant.
-Va mon enfant, profite de ta vie.
- Au revoir monsieur. Ne sois plus triste pour moi s'il te plait.
- C'est promis.
mardi 22 juin 2010
mercredi 16 juin 2010
La fin du monde tel que nous le connaissons
C'est la fin du monde. Pourquoi, me demanderez-vous ? Pas de catastrophe nucléaire, pas de dévastation naturelle, pas de tsunami, ni de tornade... Alors pourquoi est ce la fin du monde ? La cause de cette phrase quelque peu alarmante, est un film. Un film oui, mais pas n'importe lequel, "Diner for Schmucks" je sens déjà des gens qui se détendent : " Mais il m'a fait peur l'autre là à parler de fin du monde alors qu'il parle d'un film ! ".
Traduisons le titre de ce film, de production américaine je le rappelle pour les trois du fond qui ne suivent pas. Dinner, la traduction se fait par un simple changement d'accent, vous enlevez un "n" et zou, voyons, je dois vous faire un dessin ? For veut dire pour. Enfin, Schmucks est une appellation d'origine Yiddish, utilisée en anglais pour désigner quelqu'un de lourd, stupide, et, plus important...con. Alors, bout à bout, ça donne "Diner pour cons". Toujours pas trouvé ? "Le diner de cons" ça vous dit quelque chose ? La pièce de theatre puis film avec le feu Jacques Villeret.
L'impitoyable cycle des adaptations de la machine hollywoodienne a commencé avec les livres, puis les comics s'y sont collés, puis, ça a été le tour des séries, et ensuite les films ont été "kidnappé" par cette industrie qui s'évertue à faire du neuf avec du vieux. Et moi je dis non ! L'adaptation d'un film en un autre film est un assassinat à peine dissimulé du film original ! Je dis non à la facilité, car il ne s'agit bien évidemment pas d'un hommage à l'oeuvre originale, mais d'un remake fait pour gagner de l'argent facilement avec les idées d'autres.
Les français se tapent bien les films américains en version originale et se casse le cul à lire les sous-titres, pourquoi les états-unis se croient-ils plus hauts que ça ?
Le trailer peut etre visionné ici
dimanche 13 juin 2010
Im Weltraum nichts Neues
Le soleil filtrant à travers le vitrage teinté de la station orbitale baignait les salles d'un halo chaud. Jane essuya la sueur qui perlait sur son front alors qu'elle cultivait les divers fruits et légumes qui étaient ses seuls compagnons depuis son arrivée. Eux et les divers animaux qu'on lui avait confié bien entendu. Elle était la capitaine d'une petite arche de Noé futuriste, seule humaine sur un navire flottant dans une mer de silence.
La vie était très calme à bord du UN-Genesis IV, Jane passait le plus grand clair de son temps à écrire, à décrire le déroulement de sa mission. Pendant son temps libre elle peignait, durant des heures, avec un soucis du détail impressionnant, grattant, recommençant indéfiniment la même courbe, les mêmes traits. Il lui arrivait aussi de se pencher vers la terre, que l'on voyait à travers le sol de la salle d'observation et de rêver de la terre qu'elle connaissait, qu'elle aimait, qu'elle détestait, qu'elle avait parcourut durant sa vie, qu'elle connaissait bien et peu à la fois. Des sentiments se mélangeait dans son esprit et il lui arrivait de pleurer, seule, les yeux fermés, en fredonnant une chanson doucement.
Walk in silence...
Don't Walk away in silence...
See the danger...
Always danger...
Endless talking...
Life Rebuilding...
Don't Walk away...
La musique se mettait à jouer dans sa tête. Les percussions tambourinait dans sa tête et, les yeux fermé, elle était de retour chez elle, avec ses amis, sa famille... Puis elle revenait à elle, dans ce chateau mécanique.
Elle était bien au sommet de l'existence terrestre, une reine de fortune seule sur son trône.
Puis, elle ouvrait les yeux, et regardait le globe inerte qui était autrefois le berceau de la vie, son ancienne maison, la terre.
Paroles de "Atmosphere" Joy Division.
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