jeudi 26 novembre 2009

Morning soup

Ma carte de metro magnétique ne marche pas. Encore une bonne journée qui commence. Je passe par dessus le tourniquet pendant que le gars derrière moi pousse un soupir. "Va te faire voir gros lard." Je ne le dis pas, mais je le pense très fort. Me voilà dans la rame de métro, à moitié réveillé, à moitié rasé, à moitié coiffé, et complètement en retard pour le boulot une fois de plus.

Je suis en face d'une femme dont le décolleté plongeant ne laisse pas grand chose à l'imagination. Je pense que peu d'homme se plaindraient d'un tel spectacle. Le problème cependant c'est de ne pas pouvoir toucher. Quatrième station. La rame se remplit peu à peu. Cinquième, sixième station. Le verre est plein, mais ça n'empêche pas quelques imbéciles de tenter de monter quand-même, en prenant bien le soin de pousser tout le monde au passage. Je suis maintenant collé à miss vue plongeante, ce qui, je dois l'avouer, est tout sauf désagréable... Mes fantasmes se mettent lentement en route.

Je m'imagine en train de la caresser tendrement en sentant son souffle chaud pendant qu'elle s'affaire à me dévorer lentement le cou. Ma main glisse le long de son échine et atterrit dans sa culotte et j'entreprends de lui caresser...

Je me rend compte que j'ai dépassé ma station d'arrivé, je sors en donnant des coups de coudes aux merdeux qui tentent de rentrer alors que j'essaye de sortir. Je me dirige vers la sortie de la station rapidement, j'ai déjà vingt minutes de retard. Dernier virage avant la sortie et...je me fais stopper net dans mon élan par un petit homme moustachu et bedonnant.

Contrôle des titres de transports.

lundi 9 novembre 2009

mirari

J'aurais dû m'en douter. En rentrant dans la salle de bain je le savais déjà. Je savais qu'il serait là pour me narguer. Avec son regard accusateur, les yeux rivés sur mon visage encore bouffit de sommeil, mes yeux hagards, mes boutons rouges, mes cheveux gras, mes taches de rousseurs, mes seins asymétriques, mes kilos en trop et j'en passe.

Il était là tous les matins, je voulais le gifler, le sommer de regarder ailleurs, de s'en aller, de trouver une autre victime que moi. J'en avait assez, il ne me laissait aucun répit, m'agressant silencieusement, détruisant mon ego, muet comme une carpe, assassinant mon amour-propre de son regard perçant. Il avait beau ne rien me dire, je sentais comme un reproche dans son regard, et il m'exécrait. J'essayais de ne pas y prêter attention, de l'ignorer dans son jugement, mais rien n'y faisait, son regard m'obsédait toujours autant.

Un jour j'en eu assez, et je fis retirer le miroir de ma salle de bain, mon reflet ne m'oppresserait plus, je l'avais évincé.