J'aurais dû m'en douter. En rentrant dans la salle de bain je le savais déjà. Je savais qu'il serait là pour me narguer. Avec son regard accusateur, les yeux rivés sur mon visage encore bouffit de sommeil, mes yeux hagards, mes boutons rouges, mes cheveux gras, mes taches de rousseurs, mes seins asymétriques, mes kilos en trop et j'en passe.
Il était là tous les matins, je voulais le gifler, le sommer de regarder ailleurs, de s'en aller, de trouver une autre victime que moi. J'en avait assez, il ne me laissait aucun répit, m'agressant silencieusement, détruisant mon ego, muet comme une carpe, assassinant mon amour-propre de son regard perçant. Il avait beau ne rien me dire, je sentais comme un reproche dans son regard, et il m'exécrait. J'essayais de ne pas y prêter attention, de l'ignorer dans son jugement, mais rien n'y faisait, son regard m'obsédait toujours autant.
Un jour j'en eu assez, et je fis retirer le miroir de ma salle de bain, mon reflet ne m'oppresserait plus, je l'avais évincé.
Il est clair que tout un chacun ne se prénomme pas Narcisse...
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