dimanche 18 octobre 2009

Shot in the back of the head Chapitre 3

Une journée de travail à rêvasser. Depuis mon réveil ce matin jusqu'à mon départ il y a quelques minutes, je n'ai pas arrêté de penser à Lucky Helena, alias "la coiffeuse folle". Plein de questions se sont baladés dans ma tête pendant que je flottais à travers les couloirs de mon boulot, sourd au monde qui m'entourait. "Comment m'a-t-elle retrouvé ?" " Pourquoi vouloir me parler ?" "Que pourrais-je lui lui dire ?"

Tant de questions La raison pour laquelle je stresse autant m'échappe. On dirait que je suis de retour au collège, où à chaque fois qu'une fille me parlait, j'étais tétanisé, muet, et mon esprit allait à cent à l'heure.

Me voilà à nouveau chez moi, il me semble que je suis partis d'ici il y a seulement un instant, mais en réalité, plus de dix heures se sont écoulées. Je me rend compte que j'ai laissé mon ordinateur allumé depuis hier. Je vais me préparer un café quand une mélodie retentit. Puis une autre. C'est mon yahoo messenger, une application de chat en ligne. Sur l'écran en rouge bordeau est écrit "Lucky Helena : Salut, ça va ?"

Pendant une heure, je discute avec "Lucky Helena". On parle de tout et de rien, de la pluie et du beau temps sans aborder de sujets concrets. Au bout de quelques minutes, elle me dit qu'elle doit aller bosser, et qu'on se reparlera plus tard. Je lui demande si on peut se voir. Elle marque un temps de pause pour finalement écrire "peut-être" et elle se déconnecte aussitôt.

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Une autre journée de travail ennuyeux passe doucement, à dix-huit heure, je m'apprête à partir quand mon redac' me bondit dessus sans crier gare.

-Salut mon p'tit !

Je m'imagine en train de lui briser quelques côtes à coup de pieds.

-Ce soir c'est le grand diner de famille !

J''avais oublié ça. Tous les mois, toute l'équipe du journal se réunit pour manger ensemble et parler de futilités que la vie nous offre. C'est une idée de la direction pour essayer d'améliorer les relations entre collègues, mais la vérité est qu'on se détestes tous, et que se retrouver tous ensemble est aussi agréable que de se faire épiler les sourcils à la cire chaude. Comme un véritable diner de famille.

Je suis donc mon imbécile de rédac' au restaurant, la mort dans l'âme. Mon plan de la soirée : éviter toute discussion avec qui que ce soit et trouver rapidement le moment propice pour m'esquiver en douce.

En attendant le serveur, je scrute le beau monde autour de moi. En bout de table se trouve le grand patron, longue perche aux cheveux grisonnants en costume beige avec des lunettes en cul de bouteille. Sur son côté droit sa secrétaire qui ne le quitte jamais d'une semelle et que je soupçonne d'être sa maitresse. C'est une petite bonne femme, un peu ronde qui ressemble un peu à un cliché de nanny anglaise et qui tripote toujours nerveusement les branches de ses lunettes.

Tout autour de la table se trouve le reste de la "famille". Il y en a de tous les calibres : petit, gros, chauves, chevelus, Une vraie bande de bras-cassés, la plupart ont un air qui suggère une envie de suicide, le reste doit être sous prozac. Soudain, une voix me demande ce que je souhaite commander, je lève les yeux pour répondre à mon interlocutrice et je me glace en voyant qui elle est. Il s'agit d'Helena, qui me gratifie d'un large sourire.

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Je regarde ma montre encore une fois et le temps me parait long. Je suis resté jusqu'au bout du diner, un effort surhumain que j'ai effectué pour enfin parler de vive voix avec Helena. Elle m'a chuchoté à l'oreille qu'elle avait une pause à vingt-deux heure trente et je l'attends donc comme un petit toutou en remuant la queue, image qui me fait sourire. vingt-deux heure vingt-huit...toujours personne. Soudain, la porte du restaurant s'ouvre et mon coeur fait un bond. Mais au lieu d'Helena, un jeune homme sort. Il est habillé comme un serveur, j'imagine qu'il travaille ici. C'est un homme de taille moyenne, les cheveux bruns court, les yeux verts, l'air malin, mais surtout, on dirait qu'il s'est fait frapper dernièrement, car il a plusieurs cicatrices et un oeil au beurre noir. Il se tourne vers moi et me tend un morceau de papier.

C'est une commande? Je retourne le papier et derrière est écrit "trop tôt" suivit d'un coeur. Je souris et je me tourne vers le serveur.

-Qui vous a donné ça ?
-C'est Helena, elle m'a donné le mot en souriant avant de partir chez elle.
-D'accord. Sans vouloir être indiscret, que vous est-il arrivé ?

Il pointe son doigt sur l'oeil au beurre noir

-ça ?
-Entre autre.
-Je suis tombé dans les escaliers.

Il éclate d'un rire narquois.

-Ah bon.
-Sinon, tu fais quoi dans la vie ?
-Je suis journaliste, pas un bon.

Encore un éclat de rire.

-Pas un bon ? C'est à dire ?
-Du genre qui écrit des personne ne lit.

Il allume une cigarette et me fixe tout en souriant.

-Toi, tu es encore un esclave de la société? Je le vois. Je connais un gars comme vous. Mais ça se sent que tu commence déjà à mordiller tes chaines.
-Je ne suis pas sûr de comprendre.
-Tu verras de quoi je veux parler. Bon, c'est pas le tout, je vais bosser moi, à plus !

Et il repart en sifflotant.

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