lundi 16 mai 2011

Alucinari Veritas - Chapitre 3 et chapitre B

Chapitre 3 :

Michelle. C'était son nom. Enfin c'est toujours son nom je suppose, mais je m'impose le passé en parlant d'elle. Elle m'a tout donné, elle m'a tout pris, des jours, je me demande.

On s'est rencontré un jour d'automne. Il pleuvait à torrent. Je rentrais de cours. J'y allais à l'époque. Je me suis abrité sous une devanture de magasin. J'avais été surpris par l'attaque soudaine des nuages gris qui flottaient sournoisement au dessus de ma tête depuis le matin. Toutefois, j'avais réussi à éviter le pire de l'averse, mais mes cheveux et mon hoodie avaient déjà bien pris. Pendant que je secouais mes cheveux, une voix sortie de nulle part m'a fait sursauter.

- Salut beau brun.

Je me suis retourné, pour enfin apercevoir la personne qui avait prononcé ces mots. Non loin de moi, sous la devanture du même magasin, se trouvait une fille. Je n'ai pas vu son visage, la première chose qui m'a frappé a été l'odeur de tabac mélangé à un parfum sucré. Elle était vêtu d'un sarouel beige, d'une veste de jean, avec un sweat-shirt gris en dessous. La capuche du sweat-shirt couvrait une grande partie de sa tête, et l'écharpe achevait de rendre la tâche d'identification difficile.

Des mèches de cheveux roux sortaient de dessous la capuche. Au bout de l'analyse de mon interlocutrice, je me suis décidé à parler. Enfin, balbutier est un terme plus approprié je crois.

- Euuh P...pardon ?

- Rien. Tu vis dans le coin ?

- Euh oui, une centaine de mètres.

- Cool.

Incertain de la suite que je devais donner à cette discussion soudaine, je me suis tu un moment.

Elle a abaissé d'une main son écharpe pour pouvoir glisser une cigarette entre ses lèvres. J'ai vu alors l'occasion se présenter de voir plus en détail le visage de ma nouvelle camarade. Mais à ce moment là, elle a levé les yeux vers moi et mon coeur a bondit dans ma poitrine. Ses deux yeux bleus on percé à travers mon cerveau, et je ne pouvais plus les quitter des yeux, comme hypnotisé. Devant mon mutisme soudain, elle s'est remise à me parler.

- Tu vas bien ? T'as pas l'air dans ton assiette, pète un coup, ça te détendras.

Elle a aussitôt éclaté de rire. Un rire frais, un rire naturel.

On s'est mis à parler de la pluie et du beau temps, de tout et de n'importe quoi. La pluie avait beau s'être arrêtée depuis longtemps, on continuait, le temps s'est écoulé très vite, et avant que je m'en rende compte, il faisait nuit. On a échangé nos numéros et on s'est dit au revoir.

Je suis rentré chez moi, j'ai passé la soirée vautré sur mon canapé, j'ai regardé la télé pendant ce qui m'a semblé une éternité, mais mon esprit était focalisé sur une seule chose : Michelle. Ma rencontre de l'après-midi m'avait marqué. J'avais beau changer les chaines de télé, tel un robot à intervalles réguliers, mon attention était dédié à elle. Je n'ai pas dormi cette nuit là.

*

Je l'ai croisé un nombre assez conséquent de fois dans mon quartier, sans pour autant avoir le courage de lui parler. Au bout de plusieurs fois je lui ai proposé de venir boire un verre chez moi. Elle a toussoté un peu et puis elle a dit oui.

Durant la montée en ascenseur, nous somme restés muet. Je n'avais aucune idée de raisons pour prendre la parole, et ça m'obsédait. Nous sommes arrivé à mon étage, j'ai tourné mon regard vers elle, mais elle était trop occupée à fouiller dans son sac pour me prêter attention. Nous sommes rentré chez moi, et nous nous somme installés dans le salon. Elle est allé s'asseoir par terre avant que j'ai eu le temps de lui proposer une chaise. Elle fouillait toujours dans son sac. Nous étions toujours silencieux. Et soudain, elle a sortit une barette, emballée dans du papier plastique.

Un petit splif' ? demanda-t-elle un sourire au lèvres.

C'était la première fois que je prenais de la drogue, même si je faisais tout pour qu'elle croit le contraire. Ma gorge était en feu, j'avais du mal à tenir mes yeux ouverts, mais je tenais bon pour sauver la face devant elle.

Elle s'est levé et s'est mise à analyser du regard le salon. Son regard s'est pausé sur ma collection de CD. Elle a aussitôt bondit dessus, lisant chaque tranche de boite, la tête penché à gauche. Au bout de l'analyse, elle s'est saisi d'un d'entre eux, a ouvert la boite et a posé la galette dans le lecteur. Elle a fermé les yeux et s'est allongé par terre, bras et jambes écartés en étoile. Les premières notes de Voodoo Chile m'ont fait frissonner. J'ai soudain eu l'impression de flotter, porté par les rifs sensuel de la guitare. Je me suis allongé et j'ai fermé les yeux. Tout de suite, je me suis senti apaisé, relaxé. Je ne pensais plus à rien, je n'étais plus rien, le moi n'existait plus, seule la musique était là, elle était devenue la seule vérité, la seule réalité, et d'un coup le monde, ses malheurs, ses bonheur, me semblaient lointain, comme un mauvais rêve.

J'ai commencé à sentir une douce pression dans mes cheveux. C'était Michelle qui passait ses doigts sur mon cuir chevelu, ce qui n'a fait qu'accentuer le bien-être que je ressentais sur le moment. Je l'entendais murmurer les paroles et sa voix me donnait des frissons.

Soudain, j'ai senti un souffle chaud sur mon visage. J'ai entrouvert les yeux, et j'ai vu la tête de Michelle s'approcher du mien lentement. J'ai refermé les yeux et nos lèvres se sont rencontrées délicatement. Mon coeur a fait un bond et mon corps s'est réchauffé. Je sentais les cheveux de Michelle chatouiller mon visage, son parfum sucré me rendait fou, les idées se mélangeaient dans ma tête.

Puis, nos lèvres se sont séparées et tout a cessé de tourner.

J'ai rouvert les yeux et nos regards se sont rencontrés. Elle m'a sourit et s'est allongée à côté de moi. Je me suis mis sur le flanc et j'ai posé ma tête contre la sienne. J'ai fermé les yeux de nouveau, et bien vite, je me suis endormi paisiblement à côté d'elle.

Quand je me suis réveillé, elle était partie, laissant derrière elle l'odeur de son parfum.

*

Au début c'était des rencontres espacées, puis peu à peu, un rythme effréné s'est mis en place. Toujours la même démarche, elle venait, on s'endormait au son de la musique et le lendemain, à mon réveil elle n'était plus là, à tel point qu'à certains moments, je ne savais pas si elle était passée ou si il s'agissait d'un rêve.

Des fois elle me fixait sans rien dire, comme si elle m'analysait.

Parfois, je la serrais contre moi pendant qu'elle dormait pour entendre son souffle régulier, sentir son parfum sucré.

Il nous arrivait de parler, mais à propos de choses triviales. La vrai communication entre nous deux était par le silence. Elle ne disait rien, je ne disais rien, et on se comprenait.

Une nuit d'octobre, elle a sonné chez moi. Elle avait les cheveux en bataille, et ses yeux étaient entourés de maquillage noir qui coulait sur ses joues. Sans dire un mot, elle m'a prise dans ses bras. J'ai senti son coeur battre contre ma poitrine. On s'est embrassé. Elle m'a pris la main et m'a emmené à mon lit. On s'est allongé d'un même mouvement et on s'est fixés pendant un long moment, dans le noir, avec pour seule source de lumière, la pâle lueur de la lune.

Le reste de la nuit s'est déroulé comme un rêve, nos coeurs et nos corps ne faisait qu'un. Cette nuit était la confirmation de plusieurs mois de sentiments grandissant.

En gros, là où c'est parti en eau de boudin.

*

Après cette nuit là, elle restait le matin. J'ai commencé une longue série d'absentéïsme qui s'est soldé par un arrêt total d'engagement scolaire. On passait de plus en plus de temps ensemble, et on avait établit des habitudes.

Je pouvais passer des heures, collé contre elle avec comme seul son nos respirations.

J'ai commencé à l'amener à mes soirées, et elle s'entendait à merveille avec mes amis, elle était drôle, agréable et elle savait faire la fête. Comme je suis plutôt du genre timide, je restais en retrait, et je l'observais de loin, étudiant ses formes parfaites de loin, l'écoutant chanter les yeux fermés, la regardant danser comme si elle était en transe.

Elle parlait avec tout le monde, s'entendait avec tout le monde, et ça me faisait plaisir. La jalousie ne m'effleurait même pas, j'étais confiant, et ma naïveté m'a valu une surprise un jour où j'allais la voir chez elle. Comme je l'ai précisé plus tôt, la personne qui m'a ouvert la porte de son appartement était mon meilleur ami, Matéo, et il était nu.

Chapitre B :


Une autre créature m'a rejoint. Je ne suis plus seul. Et pourtant, aucun mouvement de sa part. Elle reste immobile en face de moi. Je ne me souviens pas de son arrivée, je devais encore dormir.


Soudain, elle se rapproche doucement de mon visage, mais toute sa silhouette est floue, et bien qu'elle soit littéralement à quelques centimètres de moi, je ne distingue pas son identité. Elle s'allonge à côté de moi, et je me blotti contre elle.


Il fait chaud près d'elle. Je me rendors...

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