jeudi 3 décembre 2009

Shot in the back of the head Chapitre 4

Une autre journée de travail passionnante. Je couvre aujourd'hui un tournois de loto. Un sujet en or. J'entreprends de dessiner sur mon calepin prévu pour mes notes. Mon rédac' en train de mourir éventré. Mon rédac' se faisant violer par un caniche. Mon rédac' chef tombant par la fenêtre du 18e étage... Les chiffres prononcés de façon monotone par le responsable résonnent dans ma tête. Je suis pris d'une envie irrésistible de lui enfoncer son micro où je pense.

Mais soudain, une chose inattendue se produit. Une série de "bip" bruyants se font entendre, et la salle devient silencieuse. Puis, la machine qui trie chiffres du loto explose, projetant une multitude de balles sur le public affolé qui se met aussitôt à courir dans tous les sens. Au milieu de cette pagaille, une silhouette demeure immobile. Je constate sans surprise qu'il s'agit d'Helena qui me fixe. Au bout de quelques instants elle tourne les talons et se dirige vers l'escalier de secours que bizarrement personne n'a pensé à utiliser. Je me précipite à sa poursuite. Arrivé dans l'escalier, je la trouve appuyé contre le mur. Elle me fixe sans dire un mot, avec un regard dur, son visage ne traduisant aucunes émotions. Je m'approche d'elle en la fixant droit dans les yeux. Mon visage est maintenant à quelques centimètres du sien.

Nous nous fixons sans un mot, sans qu'aucun de nous deux ne détourne le regard, ou même ne cligne des yeux. Je pose ma main sur le mur, à côté de sa tête et elle me bondit presque au visage, m'embrassant à pleine lèvres, tellement fort que s'en est presque douloureux. C'est un baiser intense, elle me mord la lèvre inférieure en m'agrippant la tête des deux mains. Je la prend lentement dans mes bras. Mes mains glissent sur sa peau douce. Je m'approche encore plus d'elle de façon à la plaquer contre le mur. Sa jambe droite se referme sur moi. le baiser cesse. Elle se rapproche de mon oreille pour murmurer.

-Emmène-moi loin d'ici.

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La nuit qui s'ensuivit est passé comme un rêve,une transe érotique où les sons et les sensations se mélangeaient dans une soupe métaphysique. Elle s'agrippait à moi d'une force tel que j'avais des problèmes pour respirer, mordant ma chair, s'accrochant et embrassant toute la surface de mon corps. Nous nous sommes mélangé, j'avais l'impression de flotter, de passer du statut d'acteur au statut de spectateur, plus maitre de mes actions, de ne plus être un être physique, mais tel un électron dans l'air. Emporté, je n'ai rien pu faire, le courant était trop fort. J'étais submergé par une sensation de bien-être envahissante, j'ai quitté la terre et je me suis perdu dans l'immensité de l'espace.

Puis j'ai chuté, chuté, pour m'écraser lourdement sur le sol. Tout s'est mis à tourner autour de moi, très vite d'abord, puis de plus en plus lentement pour enfin s'arrêter. Elle a poussé un long soupir tremblant et elle s'est écroulé sur moi. Je l'ai prise dans mes bras et je sentais son coeur battre à toute allure. Elle tremblait. Au bout d'un moment, elle leva sa tête et me dit.

- Ne me trahis jamais s'il te plait.

Je lisais un trouble que je ne m'expliquais pas sur son visage.

- Pourquoi te trahirait-je ?
-Tu jures de ne jamais me trahir ?

Elle me fixait sans ciller. Je contemplas ses yeux bruns un instant et je lui répondis.

- Je jure de ne jamais te trahir.

Elle me bondit une nouvelle fois au visage, m'embrassant tendrement, puis elle se blottit sur ma poitrine, et au bout de quelques minutes elle dormait.

Quand je me réveille, il fait déjà jour. Elle est partie, laissant un mot sur mon ventre.
"Partie au boulot, viens me chercher à 18h."
J'enfile à la va-vite mes vêtements et je sors de chez moi.

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- T'as l'air en forme aujourd'hui champion ! s'écrie Jim quand il me voit. Ton patron est mort ?

Il éclate de rire.

- Dans mes rêves.
- Alors quoi ?
- C'est personnel mon vieux.
- Ah je comprends ! T'as promené popol. Tu peux me le dire ! On est pote non ?
- Un gentleman n'embrasse pas pour en parler ensuite.
- Non, mais il peut le mimer explicitement non ?
- Je crois que le concept de gentleman t'échappe.
- Non, c'est juste que ce concept a été inventé par des vieux hypocrites efféminés. L'homme est un animal, le nier revient à se voiler la face.

J'émets un sifflement.

- Bah dis-donc, ça chauffe là-haut !
- Calme ton sarcasme mon ami sinon tu vas voir de quel bois je me chauffe.
- Reprends ton souffle Einstein, tu vas péter un neurone !

Jim se met à me fixer, l'air dur. Je soutiens son regard avec le sourire.
Il se met à sourire à son tour, puis il rit.

- Tu me raconte alors ?
- N'insiste pas.
- Et si je te paye une bière ?

Je garde le silence

- Deux.

Je garde toujours le silence.

-Trois ?
- Si tu insistes, je dois pouvoir faire une exception...


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