Alison était rentré chez elle avec l'étranger. Ils s'étaient fixés dans les yeux pendant un instant qui paru durer une éternité. Une sorte de danse s'était alors mise en route, Alison tourna plusieurs fois autour de l'homme vêtu de noir tout en le suivant du regard. Elle avait des attitudes presque félines, tendue, prête à bondir, exagérant chaque pas. La tension qui régnait dans la salle était presque palpable, et un combat silencieux et immobile semblait se dérouler entre deux fauves déguisés en humains.
Soudain elle passa à l'attaque. Elle l'agrippa par derrière, ses mains serpentant lentement le long de son torse. Il restait immobile, de marbre face à ses caresses. Elle le jeta sur son lit et il se laissa docilement dominer. Elle lui bondit dessus, toujours avec une souplesse digne d'une panthère. Elle ouvrit un à un les boutons de la chemise de l'étranger. Son souffle chaud effleura sa peau alors qu'elle glissait ses lèvres sur sa poitrine. Le corps de l'homme était glacé et aucune caresses ne suffisait à le réchauffer. Au bout de quelques instants, elle s'arrêta, le fixa droit dans les yeux et pris la parole.
- Au fait, je ne sais toujours pas ton nom étranger.
-Gabriel, répondit-il.
*
Il était maintenant quatorze heure et la petite ville était vivante. Tout le monde vaquait à ses occupations, dans un petit brouhaha agréable.
Alison fumait en observant toutes ces petites fourmis, travaillant dur, vivant leur monotone vie, comme tous les jours, sans se poser de questions, insouciantes du monde qui les entourait.
Comme elle aurait aimé jouir d'une vie banale comme la leur. Une maison, des enfants, un mari simple, une vie banale, car pour elle qui ne connaissait pas la banalité, elle avait un attrait spécial pour celle-ci.
Elle jeta son mégot sur la chaussée et pénétra dans le saloon.
à l'intérieur, les discussions allaient bon train, comme à leur habitude. Une forte odeur de tabac flottait dans la salle, et la fumée était si dense qu'elle formait un brouillard qui transformait tous les occupants éloignés en formes indéfinissables.
La porte s'ouvrit violemment et un homme entra en trombe, essoufflé et suintant, une expression d'horreur lui tordant le visage.
- ça y est ! S'écria-t-il.
Un des clients se tourna vers lui.
- Qu'est ce qu'il "y est" ?
- La fin ! Je l'avais prédis ! La fin est proche !
- La fin du monde ? lui répondit le client en riant
- Vous avez tort de rire ! Repentez-vous !
- Et qu'est ce qui vous fait dire ça ?
- Vous ne le sentez pas ? Regardez à l'intérieur de vous-même, vous saurez.
Le patron choisit ce moment pour se diriger vers l'homme.
-John, je t'aime bien, mais il faut que tu y ailles, tu fais peur aux clients.
-Mais Albert, le monde doit savoir ! Les gens doivent accepter et se préparer pour l'autre vie !
Le patron agacé poussa l'étrange homme hors du bar, et l'accompagna dehors.
Alison se rapprocha du client qui observait la porte d'où était sortit les deux hommes.
- Ne faites pas attention à John, il n'est pas méchant, juste un peu fou.
- Ne vous en faites pas, j'ai l'habitude, je suis psychiatre.
- Je me présente, George Mac Dougall.
- Alison White.
- Enchanté mademoiselle White.
Ils restèrent silencieux quelques secondes, puis il reprit la parole.
- Ce n'est pas de la mythomanie.
- Comment ?
- Votre John. Son comportement fait plutôt penser à de la schizophrénie.
- Une double personnalité ?
- Non, c'est une erreur assez commune de confondre la schizophrénie et le dédoublement de personnalité. Les deux sont des maladies mentales différentes. La paranoïa et le délire sont des symptôme assez caractéristique de la schizophrénie pseudonévrotique.
-Donc John est un schizophrène.
- C'est possible, mais une chose me choque.
-Quoi donc ?
- Il semble tellement croire à ses propos, qu'on a presque envie d'y croire à notre tour.
- Vous êtes un homme de foi ?
- Non, mais il n'est jamais trop tard pour changer d'avis...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire