Cela fait deux jours qu'il n'a pas bougé, cet homme sans visage. Toujours assis au même endroit, à la table de la salle à manger. Le livre de mon père est sur la table, ce qui est étrange, car je ne me souviens pas l'avoir mis là. Il se pourrait que ce soit lui qui l'ai mis là, pour une raison que j'ignore.
Je n'arrive toujours pas à écrire. L'homme me fixe, malgré son absence d'yeux. On dirait qu'il veut me dire quelque chose. Soudain, il se met à bouger. Je me tend, prêt à parer une éventuelle attaque. Mais non, sa main se dirige vers le livre de mon père. Il s'en saisit et me le tend. J'hésite quelques instants et je le prend. Il me fixe, comme s'il m'incitait à lire. Et bizarrement, je m'exécute.
"Le chaos. La mort est une des peurs principales de l'homme. L'homme a peur de l'inconnu, car l'homme veut tout savoir, ça le rassure. Ainsi, les hommes persuadés de savoir ce qui les attend après la mort partent plus facilement. Les religieux profonds n'ont pas peur de la mort.
Pour ma part, je trouve cette peur ridicule.. Un homme sage a un jour dit qu'il n'avait pas peur de la mort parce qu'avant d'être né, il était mort, et ça ne le gênait pas plus que ça. Dans un sens je le comprend. La mort n'est qu'un retour vers l'état premier, la non-existence. Et pourtant, l'homme est si convaincu que vivre vaut mieux que mourir qu'il est distrait du réel problème, "qu'est ce que la mort ?".
Entre deux paragraphes, je jette un coup d'oeil à l'homme, et au bout d'un moment, je commence à constater que des traits se dessinent sur son visage au fur et à mesure de ma lecture. Une fois celle-ci terminé, le visage plat de l'homme est maintenant complet, avec tous les attributs que devrait avoir un visage humain, et je constate horrifié qu'il s'agit de mon père.
Suite au prochain chapitre.
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