samedi 9 mai 2009
Nihil chapitre 3
Illustration de Jill C.
Me voilà enfin à la cabane. Elle me semble beaucoup plus petite maintenant que dans mes souvenirs d'enfant. Le bruit régulier de la mer rythme le calme qui règne dans cette atmosphère lourde.
Je marche le long du petit chemin de terre qui mène à la cabane avec à ma main ma machine à écrire dans son étuis de cuir, mon sac de voyage remplis de provisions et des habits de rechange. La porte s'ouvre dans un long grincement, comme dans un vieux film d'horreur de série Z. Il fait sombre. Ma main glisse le long du bord de la porte à la recherche d'un interrupteur, que je trouve après quelques secondes. J'actionne celui-ci. Rien ne se passe. Allons bon. Sûrement le générateur qui n'est pas activé. Je marche en tâtonnant pour éviter de trébucher sur un quelconque objet qui aurait le malheur de se trouver sur ma trajectoire. Je trouve enfin le garde-fou des escaliers que je contourne, avant de les descendre prudemment.
Dans mes souvenirs, le générateur se trouve à droite du bas de l'escalier. Le voilà, je tire le levier puis j'appuie sur l'interrupteur. La vieille ampoule s'allume en clignotant quelques secondes. J'analyse de l'oeil la salle maintenant éclairée dans laquelle je me trouve. C'est une petite cave avec une vieille étagère et une table, tout deux couvert de poussière. Sur la table, il y a une tasse métallique et un livre. Un livre. Je le prend, je souffle dessus pour enlever l'épaisse couverture de poussière dessus. Sur la couverture, il n'y a rien d'écrit. Je l'ouvre et une douce odeur de vieux papier me caresse les narines. Enfin du texte. Je reconnais l'écriture de mon père.
" Toute réalité est relative. La vision des choses dépend totalement de la personne qui observe. Si on suit cette idée, rien n'existe et tout existe à la fois. Les valeurs humaines ne sont qu'une vision du monde parmi tant d'autres, les animaux ont une autre vision des choses, les "marginaux" ont une autre vision des choses. Qui a raison ? Cela va beaucoup plus loin que des notions restrictives telles que la raison ou le tors. On ne peut pas considérer une seule vérité comme absolue, quelle qu'elle soit. "
Je m'arrête. Il doit y avoir au moins cinq-cent pages dans ce fichu bouquin ! Je n'ai pas envie de lire ce que mon fou de père a écrit suite aux réflexions faites dans son cerveau malade. Pourtant, j'ai un attrait bizarre qui me pousse à vouloir lire ce texte dément. Bon, pour l'instant, je vais m'installer. Je remonte lentement les marches qui grincent sous mes pieds. Pendant la soirée, j'essaye d'écrire, mais mon esprit est ailleurs, plus précisément à la cave, avec ce satané livre.
Suite au prochain chapitre.
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:-) j'aime beaucoup les pensées du papa
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