mardi 5 janvier 2010

Shot in the back of the head Chapitre final

Pendant six semaines, je n'ai pas parlé à Helena, repoussant à chaque fois mon appel, par fierté ou parce que je suis borné. Je me décide enfin à l'appeler, après plus d'un mois de silence. Malheureusement, un voix m'informe que son numéro n'est plus attribué. D'abord décontenancé, je décide d'aller la voir à son travail, mais là, je ne la trouve pas. J'interpelle mon interlocuteur de l'autre soir, qui fume devant le restaurant.

- Ah ! Mais c'est mon ami le journaleux !
-Oui, bonjour. Je cherche Helena, vous l'avez vue ?
-Elle a démissionné il y a deux semaines ou un truc dans ces eaux là.
- Démissionné ?
- Oui, après avoir piégé la bouffe de cinq client bien sûr. Elle m'a dit qu'elle déménageait. Elle a bien fait, parce que le patron veut sa peau maintenant.

Il éclate de son rire narquois.

- Et vous savez pas où elle a déménagé ?
- Non, désolé mon gars.

Il me tend son paquet de cigarette.

-Non je ne fume pas, merci. Merci pour votre aide, au revoir.
-Salut mon pote, porte-toi le moins bien possible.

Et je l'entends rire bruyamment alors que je m'éloigne.

__________________

Je ne me souviens plus trop de ce que j'ai fait en rentrant, épuisé. Durant les quatres mois qui ont suivit j'ai fait des recherches pour trouver Helena. Elle a disparut. J'ai demandé à Jim d'utiliser son contact dans la police pour qu'il essaye de la localiser, mais il ne m'a toujours pas recontacté. Je suis rentré chez moi, et j'ai sûrement erré un instant sur internet, puis j'ai dû m'affaisser sur mon lit.

Quand je me réveille, elle est là, à côté de moi, assise sur le bord de mon lit. Elle a un air grave. Elle ne sourit pas, et reste immobile à me regarder. Elle est très pâle. Nous nous fixons un moment, sans dire un mot, puis, je me décide à prendre la parole.

- Où étais-tu ?
- J'avais besoin de partir.
-Je suis vraiment désolé tu sais. Je m'en veux de ne pas avoir été plus compréhensif.

Elle tend sa main pour me caresser le visage. Sa main est froide. Elle me sourit.

-Je sais, dit-elle, Il est temps d'y aller.


_______________________

Je l'ai suivit sans poser de questions. Elle m'a emmené dans un vieux bâtiment pas loin de chez moi. Il me semble étrangement familier. Je lui demande quelle en est la nature.

-C'est une très vieille bibliothèque.
- Ah oui, je me souviens être venu ici étant petit.
- Ils veulent la raser pour en faire un centre commercial. Nous allons le brûler.

Je pense à protester, mais je me ravise. Je l'aime, elle m'aime, et je ne gâcherais pas tout ça pour un conflit d'idéologie. Elle me tends un briquet et une bombe de déodorant.

- Pourquoi tu ne t'en occupe pas toi ? lui demande-je

Elle détourne le regard et marmonne "Je ne peux pas"

Je prend les deux outils et me met à l'ouvrage. Je commence avec les bureaux de la salle d'étude, puis je passe aux étagères qui sont toutes vides. Tout ce vieux bois crépite doucement au contact des flammes qui serpentent lentement, léchant les surfaces. Soudain, mon téléphone portable sonne. Je le sors de ma poche. C'est Jim. Je le décroche.

- Allo ?
- Oui mon vieux, c'est Jim. J'ai une mauvaise nouvelle pour ton amie.
- T'inquiète pas mon pote, ça va, elle est avec moi.

Jim marque une pause puis reprend la parole.

- J'ai retrouvé ta Helena Kandinski. Elle a fait une tentative de suicide. Elle est dans le coma.
- Mais puisque je te dis qu'elle est l...

Je retroune et elle n'est plus là. Je lâche mon portable et je me met à courir tel un fou furieux dans les allées de la bibliothèque. Aucunes traces d'Helena. Je retourne chercher mon portable. Jim parle toujours.

- Qu'est ce qu'il t'arrive mon vieux ?
- Elle était là...à l'instant...c'est pas possible....
- Qui, Helena ?
- Oui

Des larmes commencent à couler le long de mes joues.

- Hey, je pense que tu t'es tellement attendus à ce qu'elle reviennent que tu t'es imaginé qu'elle était là. J'ai entendu parler de gens qui voient des proches morts depuis longtemps à force de ne pas accepter leur disparition. Une sorte de mythomanie.
- J'ai imaginé qu'elle était là ?
- Tu sais, je vais t'aider. Elle n'est pas morte, je te soutiendrais jusqu'à ce qu'elle se réveille. Je te soutiendrais...
- Merci Jim, t'es un vrai pote.

Je raccroche mon portable. Autour de moi, c'est maintenant un brasier, je n'ai aucune issue.
Je m'allonge sur le sol en bois et je me laisse bercer par le crépitement du bois. Je m'endors calmement.



Fin.

1 commentaire: