dimanche 6 mars 2011

Alucinari Veritas - Chapitre 1

Chapitre 1 :



Mon nom est Charles Pratt, mon nom est Charles Pratt, mon nom est Charles Pratt.

Vous vous demandez sûrement la raison de cette présentation répétée, et je vais vous la donner. Je viens d'ingurgiter une bonne flopée de cachets, dont certains étaient de couleurs dont je ne connaissait même pas l'existence. Il est donc crucial de ne pas oublier des informations de ce genre. Je m'appelle...Je m'appelle...M**** ! C'est quoi mon nom déjà ?

Travaille ta mémoire. Concentre-toi.
Je vis dans une banlieue comme les autres, avec son lot d'avantages et de désavantages. J'aime deux choses dans la vie. L'une d'elle, regarder la télé. La télé est une chose magnifique. C'est l'arme du flemmard par excellence ! On peut voir le monde extérieur, sans bouger le moindre membre. Bon à part peut-être le bras quand même.

La seconde est moins commune, j'aime me remplir d'une quantité prohibitive de drogues en tout genre. Je consomme autant d'herbe que vous buvez d'eau. Quand vous vous levez, je me pique, quand vous mangez, je sniffe, quand vous allez au boulot, à l'école, je prends ma dose de cachetons en tout genre. Pourquoi ? Parce que ça calme le chaos qui règne dans ma tête. Parce que tout me parait moins moche quand je ne suis plus en état pour me souvenir le sens même du mot. Parce que les soucis me paraissent alors si loin. Et puis tout simplement parce que je peux.
Je ne dis pas que ça ne m'handicape pas. J'ai des pertes de mémoire, à court et long terme. Mais je pense que certaines choses sont mieux enfermée quelque part dans mon cerveau.

J'ai aussi un problème, je me déconnecte parfois totalement de la réalité, et je reprends mes esprits des minutes, des heures, des jours plus tard. Je suis dans mon appartement. Coupure. Je suis assis dans le bus. Coupure. Je suis chez un ami. Coupure. Je suis de retour chez moi. Le temps passe assez vite comme ça. J'avoue qu'au départ c'était assez angoissant, mais on s'y habitue vite.

Coupure.

Me voilà maintenant devant mon dealer, Xavier. C'est un petit mec d'une vingtaine d'année, qui me fait un peu penser à Samuel Lee Jackson dans pulp fiction. Il a la même caractéristique d'être élégant, même avec une dégaine de plouc. Il porte aujourd'hui une veste en cuir beige, au dessus d'un t-shirt blanc. Son pantalon a des jambes de taille différente, longue à gauche, et courte à droite. Et pour compléter le look, des chaussettes avec des rayures vertes et violettes. Un vrai original. Si ça se trouve, tout le monde s'habillera comme lui dans quelques années. La mode est tellement imprévisible.

- Tu émerge ? Sa voix me sors de ma torpeur.

- Euuh oui ! Balbutie-je.

- Tu as besoin de quelque chose ou tu fais juste du lèche-vitrine ? Dit-il en souriant.

- J'hésite entre l'ensemble bleu et le vert, tu me conseille, je sais que l'accord des couleurs est ta spécialité !

- Très drôle. Bon plus sérieusement, tu cherches quelque chose ?

- Rien en particulier.

- Si c'est le cas, j'ai un truc qui pourrait t'intéresser.

Il fouille sa poche intérieure et me sors un petit tube de Doliprane.

- Du Doliprane ? Tu déconne John ?

- Rassure-toi, c'est pas du Doliprane. C'est un autre genre de drogue, c'est même un tout nouveau genre de drogue. C'est un projet expérimental que je suis le seul à avoir.

- Ah bon. Et les effets ?

- Euuh...en fait les tests sont pas finit, et pour l'instant, les effets sur l'homme sont incertains.

- Et tu veux que je te paye pour un truc qui pourrait très bien être un placebo ?
Xavier me gratifie d'un large sourire.

-Voyons mon ami, dit-il, toujours souriant, tu n'es pas plus aventureux ? Est ce que ça ne t'intéresse pas d'explorer des terrains inconnu ? Ta curiosité n'est-elle pas piquée par l'annonce de cette drogue dont les effets sont encore incertains ?
Je me gratte la tête. Toute cette tirade est difficile à assimiler quand tu as l'impression qu'on a passé ton cerveau dans un mixer. Mais je dois avouer que, mise comme ça, sa drogue miracle parait alléchante.

- Je sais pas...dis-je en marmonnant.

- Et si je te fais un prix ?

- Hum...ça dépend combien.

Coupure.

J'ai du mal à me souvenir des détails, mais je pense avoir cédé à la curiosité, puisque la boite de Doliprane est maintenant sur mon bureau. Et à l'intérieur se trouvent ces petits cachets blancs, dont je ne connais toujours pas les effets.
J'hésite à les prendre. Et si il s'avère que la drogue est fatale pour l'humain ? Si je fais une attaque ? Si je fais un bad trip ? Et si, et si....merde. Je sais absolument pas dans quoi je m'engage, et le pire, c'est que personne d'autre ne peut me prévenir des effets. Je fais un pas dans l'inconnu, et ce pas pourrait très bien être un dans le vide.

J'allume la télé et je zappe sans but pendant une bonne demi-heure avant de regarder la boite à nouveau. Et si c'est le meilleurs trip de ma vie ? Et si j'ai des hallucinations super sympa ? Et si...Je me saisis de la boite et je fais tomber un cachet dans ma main. Et si c'est la meilleure expérience de toute mon existence ?
Je l'avale.

Coupure.



Je reprends mes esprits, et ma meilleure amie, Jo, est à côté de moi. Je la regarde fumer lentement son joint qui se consume petit à petit, chaque molécules rougissant quand elle aspire la fumée dans ses poumons. Le feu m'a toujours fasciné. Quand j'étais petit, je brulais des choses pour le plaisir. J'aimais détruire des choses lentement, comme ça, sans raison. Je suis sûr que Freud aurait quarante raisons à me donner, mais comme toujours, j'emmerde Freud.

Jo est une toute petite punk, brune, cheveux long devant, court derrière, un visage de gamine avec une paire d'yeux à faire fondre un bloc de granit. Elle en a marre qu'on la prenne pour une petite fille, donc elle s'est percé et tatoué sur toute la surface de son corps frêle. Aujourd'hui elle porte sa fidèle chemise à carreaux rouge et noir, avec un jean noir qui semble si serré que c'est à se demander comment elle fait pour respirer.

T'as perdu ta langue nemo ? me demande-elle en expirant un doux filet de fumée entre ses lèvres.

- Ouais je l'ai perdue, mais je te dirais pas où. Un indice, ça a un rapport avec ta mère.

- Va te faire foutre ! crie-t-elle en me balançant un coussin à la figure.

La raison pour laquelle Jo m'appelle Nemo remonte à la sortie du film de Pixar. Nous sommes allés le voir ensemble, dans une salle remplis d'enfants, avec un petit pot de pop-corn remplis d'ecsta. Au bout de vingt minutes, elle s'est tournée vers moi et m'a fixé, les yeux écarquillés, et elle s'est écrié : "mais, tu ressemble trop à nemo en fait !" et elle a pouffé dix bonnes minutes.

- T'as vu ton père dernièrement ? me demande-t-elle en me fixant.

- Si par père tu veux dire l'alcolo qui s'occupe de payer le loyer mais qui n'est jamais là ? Non, ça fait un bon moment que je l'ai pas vu, il doit être avec une petite poule qu'il a rencontré sur internet.

- Ouais. Et tu as des nouvelles de Matéo ?

- ...

Matéo était mon meilleur ami. Notez bien le "était". En effet, je suis pas du genre rancunier. Mais des choses, j'accepte moyen. Comme rendre visite à ma copine et me faire accueillir par lui complètement nu. Aussi, le fait de voir son meilleur ami à poil est un bon bonus.

Je pense que ma réponse n'en choquera pas énormément. Je suis partis, après avoir pris le soin de présenter mon poing à son nez.

- Tu sais qu'il s'en veut énormément.

- Un peu tard pour ça non ?

- C'est ton meilleur ami !

- C'était mon meilleur ami.

Un long silence s'ensuit.

- Tu sais que je suis là moi.

-...

- Et je risque pas de coucher avec ta copine. Je la trouve hideuse.

On éclate tous les deux de rire.

Coupure.

Mon sommeil est troublé par mon portable qui hurle une de ces sonneries qui sont programmées sur les téléphones et qui semblent être composées par des chimpanzés cocaïnomanes.

Je tâtonne autour de moi, et au bout d'un instant, ma main atteint enfin mon portable. Numéro inconnu. Allons bon. J'ai horreur des appels en inconnu. j'ai pour habitude de ne pas y répondre. Et je tiens à garder cette habitude. J'appuie sur le bouton raccrocher.

Coupure.



Je suis sur le balcon de mon appartement. Je regarde calmement la lune. Le bruit de la ville s'est lentement estompé sans vraiment disparaitre, comme d'habitude. Au loin, j'entends un chien qui aboie. La nuit, tout parait moins compliqué. Les gens se calment et cessent pendant un court moment d'être les moutons hyperactifs qu'ils sont la journée. La ville s'apaise. Les soucis paraissent loin. En fait, ils attendent la journée pour te bondir dessus à nouveau. Mais une trêve ne fait de mal à personne.

J'aime regarder les gens devant chez moi, de haut, comme si j'étais une sorte de divinité. Cela vous parait bizarre d'imaginer ça ? Laissez-moi vous apprendre quelque chose : Dieu est un junkie. Pour créer un bateau où les occupants font eux même des trous dans la coque, faut avoir un grain non ?

J'ai l'impression de regarder une télé grandeur nature en observant les passants en bas, vivre, marcher, courir, s'engueuler, se rabibocher...Une télé sans pubs. Une télé où je n'ai pas l'occasion de zapper. On pourrait voir ça comme un handicap, mais le changement de chaines intensif peut avoir des effets négatifs, un surplus d'information qui essaye de rentrer en force dans mon crâne d'un coup, de quoi devenir fou.

Il semble que beaucoup de poètes se sentent submergés par la grande poésie que dégage la lune. Pas moi. La poésie a été inventé à l'époque où tout était abstrait, tout pouvait paraître beau, rien n'était sûr, la vie était courte. Mais maintenant je peux vous dire que la lune est le cinquième plus grand satellite du système solaire, qu'elle a un diamètre de 3 474 km, et que c'est l'unique satellite naturel de la Terre. Très poétique non ? La poésie et morte, et nous pissons sur sa tombe tous les jours.

Mais ne pleurons pas sur ce fossile, et ne nous lançons pas à la poursuite d'un dinosaure de notre culture. Tout comme le punk, que beaucoup de gens s'efforcent de tenter à ressusciter, lui qui, mort de vieillesse, aimerait-bien un peu de repos.

Nous, les jeunes de ma génération, nous tentons de nous identifier à des temps qui sont de loin révolus, car le monde que l'on connait nous dépouille un-à-un de nos rêves, de nos illusions, de nos à priori. Il y a plusieurs années, on avait la possibilité, sinon le rêve de pouvoir faire ce qu'on voulait, l'avenir nous appartenait. Maintenant, notre route n'est plus tracée selon nos rêves, nos rêves doivent s'adapter à notre route.

Le futur est arrivé, mais les voitures ne volent pas. Pas d'aventure, pas de vaisseaux, de conquête de l'inconnu. On est fixé au sol, et on admire la lune comme avant, mais ce n'est plus la même chose. La magie n'existe qu'en cohabitation avec l'inconnu.

Coupure.

jeudi 3 mars 2011

Alucinari Veritas, explications et prologue

Alors voilà, ça fait un petit moment que je n'ai rien publié en fiction sur mon blog ou sur quelque média que ce soit. J'étais en train d'écrire une histoire à laquelle j'ai accordé tout mon temps créatif depuis plusieurs mois. J'ai eu beaucoup de problèmes, des pertes de certaines parties de cette histoire et autres événements joyeux comme ça...

Je voulais noter que j'ai écrit cette histoire grâce à la chanson de Gorillaz "Plastic beach", qui est magnifique et a généré des émotions en moi qui m'ont permis de mener cette histoire jusqu'au bout.

Le texte sera agrémenté de musique qui je pense définissent le plus la scène en question.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture, et merci pour votre soutiens !



Prologue :



Je fais souvent le même rêve ces dernier temps. Je crois pas vraiment en tout ces mythes sur les "rêves prémonitoires", mais qui sait ? Vous êtes peut-être intéressé de savoir quel est le rêve qui me turlupine, loin de moi l'idée de vous décevoir.

Quand j'étais petit, j'ai rêvé que je tombais du haut de ma maison. La sensation de chute m'a réveillé en sursaut, j'avais vraiment l'impression de tomber, avec la vision du sol qui se rapprochait de moi... Dans mon rêve récurent , ce n'est pas une chute que je fais, mais il semble aussi réel que celui que j'ai fait dans ma petite enfance. Dans ce rêve, la première chose qui me frappe, c'est l'odeur de sang.

Pas l'odeur de vieux sang, comme on peut en sentir dans les hôpitaux, mais le sang frais, le sang qui vient de couler. Je porte la main à mon visage et je me rend compte que je tiens un long couteau ensanglanté. Je le lâche au sol, de surprise.

Je l'entends tomber par terre bruyamment, mais il m'importe peu. En effet, je viens de voir la source de l'odeur. Il fait trop sombre pour distinguer de qui il s'agit, mais une masse de forme humaine gît sur le sol. Je m'assieds quelques instant, sans quitter la silhouette des yeux. Que faire ? Appeler la police ? Appeler de l'aide ? Et leur dire quoi ?

"Bonjour, je voudrais rapporter un meurtre. Qui suis-je ? Le meurtrier apparemment. Pourquoi ? Vous allez rire, je sais pas en fait."

Non, je doute que ça fasse rire quelqu'un. Je m'approche, tremblant de la silhouette inerte. Je me rends compte qu'il s'agit d'un homme, et qu'il est allongé, la face au sol. Je l'agrippe par l'épaule et je le pousse, de façon à voir son identité...

Et je choisis toujours ce moment pour me réveiller. Enfin, je dois dire que "choisir" n'est pas le mot le mieux choisit pour le contexte, disons que je me réveille toujours au moment de découvrir l'identité de la victime.

Peut-être ne devrais-je pas me poser autant de questions sur ce rêve, mais il se pourrait aussi que je devrais m'en préoccuper, car ce n'est peut-être pas un rêve prémonitoire...