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vendredi 13 août 2010

Kalupto Chapitre 5

Alison pénétra dans la petite chapelle du village. Elle était vide, faiblement éclairée par les cierges disséminées dans la salle. Une seule personne se tenait debout devant l'autel. C'était Gabriel dont les vêtements noirs contrastaient avec l'environnement lumineux. Alison se rapprocha de lui.

- Que fais-tu vraiment ici ? Demanda-t-elle.
- Je me recueille. Lui répondit il, en lui tournant le dos
- Je veux dire dans cette ville...je sais que tu n'es pas ce que tu dis être.
- Personne n'est ce qu'il dit être.

Gabriel se retourna vers elle.

-Il est temps, dit il.

Alison le fixa dans les yeux.

- C'est la fin n'est ce pas ? Demanda-t-elle d'un ton grave.
- Oui. De poussière à la poussière.
- On ne peut rien pour l'arrêter ?
- Non.
- Et bien j'imagine que des adieux s'imposent.

Il lui tendit la main et elle l'agrippa sans dire un mot. La terre se mit à trembler doucement. Les murs perdaient leurs couleurs, l'obscurité se diffusait petit à petit. Une larme coula de l'oeil blanc d'Alison, mais elle restait impassible, droite. Gabriel esquissa un sourire triste.

Dans la petite ville, la nuit tomba calmement pour ne plus jamais se relever. Les vies des habitants continua pendant quelques instants, puis la chaleur monta, le coeur des villageois se réchauffa. Les cloches de la petite chapelle sonnèrent, et quand elle s'arrêtèrent, le monde n'était plus.

Fin.

mardi 22 juin 2010

Kalupto chapitre 4

Le vieux Shérif, Pat Norrington venait de terminer son cigare. Il frotta ses mains raidies par le froid hivernal. Il contempla son lieu de travail, complètement vide, à l'exception d'une cellule, sur le sol de laquelle gisait une jeune femme brune, vêtue de haillons gris. Il tira la chaise de son bureau qui grinça sur le sol. Il s'assit dessus, prit ses petites lunettes de la poche de son veston, se saisit du livre sur le bureau devant lui.

Il entendit sa prisonnière se lever difficilement. Il se tourna vers elle. Elle le fixait de ses larges yeux bleus, encore bouffis de sommeil.

- Bien le bonjour ma petite dame, lui dit-il en souriant.
- Bonjour monsieur.
- Vous n'avez pas eu trop de mal à dormir avec ce froid ? Vous n'avez même pas utilisé votre couverture et vous avez dormi à même le sol !
- Le confort m'effraye. Il endort la méfiance.
- Je comprends votre point de vue, mais un peu de confort de temps en temps ne vous ferait pas de mal, vous avez l'air bien mal en point...


Elle resta silencieuse. Ses yeux balayaient la salle rapidement.
- Vous vous appellez comment monsieur ? demanda-t-elle de sa voix cassée
- Patrick E. Norrington, à votre service. Et vous ?
- Sam.
- Juste Sam ?
- Juste Sam.

Un long silence s'installa alors dans la salle. Le vent soufflait doucement sur les branches dénudées des arbres à l'extérieur, qui dansait au contact de celui-ci, de façon régulière. La cacophonie de l'extérieur semblait si lointaine, tant le silence régnait dans la prison.

Norrington retira ses lunettes pour se masser les yeux un instant. Il les remit à leur place initiale après avoir soufflé dessus.
- Vous savez pourquoi je suis ici monsieur le Shérif ? demanda la jeune détenue.
- Oh, vous savez, je me fais vieux, ma mémoire me fait défaut sur certains points.
- Vous ne voulez pas savoir ?
- Mademoiselle, je suis shérif, pas juge. Vous avez sûrement de faire ce que vous avez fait, je serais ravis de savoir qui vous êtes, ce que vous avez fait ne regarde que vous.

Elle le fixa avec une moue de surprise, puis esquissa un faible sourire en détournant le sourire

- Allez mademoiselle, j'ai tout mon temps.
- Il n'y a pas grand-chose à raconter. Mère décédée, père alcoolique, violent, vie composée de larcins divers et varié. Rien de bien original
- Vous avez tort de prendre votre vie à la légère, chaque événements, aussi insignifiant soit-il, vous défini en tant qu'humain.
- Vous pensez ? Je pense que quelle que soit la vie qu'on mène, elle reste vide face à l'absolu qu'est la mort.
- Chacun son point de vue mademoiselle, mais je comprends parfaitement votre point de vue, une jeune fille de votre âge qui a vécu une vie comme la votre...

Sam le fixa dans les yeux un instant, puis détourna le regard.

- Vous auriez pas une clope par hasard ? marmonna-t-elle.
- Désolé ma petite, je ne fume que le cigare. Vous en voulez un ?
- Non merci. Maintenant que j'y pense, vous êtes le premier à ne pas m'avoir jugé sur mon avis.
- à propos de ?
- De la vie. Tous les autres personnes à qui je parle de ma vision sur la vie me reproche mon pessimisme, me soutiennent que la vie est bien, qu'il y a toujours pire, que je gâche ma vie à broyer du noir...
- J'ai mon avis sur la matière, c'est sûr, mais j'aime entendre plus de points de vues, si tout le monde avait le même avis, la vie n'aurait plus aucun intérêt, vous ne trouvez pas ?

Elle le fixa quelque instant, puis le gratifia d'un véritable sourire. Il trouva qu'elle avait un air enfantin tout d'un coup, comme si ses soucis s'étaient envolé, comme une enfant insouciante.

- Vous êtes croyant ? demanda-t-elle
- Oui. Pratiquant. J'ai la foi, est elle m'aide à surmonter chaque jours. Et vous ?
- Non. Moi qui croyait que tous les religieux étaient tous bornés.
- Certains le sont, mais l'homme est plus compliqué que vous ne le croyez...

*

Le vieux John était assis sur les marches d'entrée de l'épicerie. Le regard dans le vague, il faisait face à la foule de villageois qui rentraient du travail, travaillaient, discutaient, s'amusaient...

Quels insouciants se disait-il. La vie pour eux était un acquis, et il ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez. Ils ignoraient que leur existence pouvait disparaitre d'un revers de main. Peut-être était-ce mieux ainsi ? Peut-être que vivre dans l'ignorance d'un destin morbide rendrait ceux-ci plus agréable qu'en connaissance de cause ?
Il était fatigué et terrorisé, sa propre mort était dur pour lui à assimiler.

Il voulait repousser la date, changer de vie, recommencer, faire toutes les choses qui lui avait été impossible auparavant. Il maudissait sa connaissance, elle le torturait, il en savait trop pour maintenir son équilibre mental, il se sentait glisser peu à peu vers la folie.

Un jeune garçon de 9 ans à peine s'approcha de lui.
- Tu es triste monsieur ? demanda-t-il de sa petite voix aiguë.
- Oui.
- Pourquoi ?
- Tu ne comprendrais pas.
- Mais monsieur, essaye, je suis pas bête tu sais.
- Que ferais-tu si tu savais qu'un grand malheur allait se dérouler, et que rien que tu fasse ne change quoi que ce soit ?

Le jeune garçon écarquilla ses grands yeux noirs, la bouche entre-ouverte, comme s'il réfléchissait.

-Alors mon petit ?
- Je ne sais pas, mais si je devait choisir, je ferais un maximum pour que les gens soient heureux !

Le vieux John sourit tristement.

- C'est beau ce que tu dis là mon petit, ton innocence et ta naïveté n'ont d'égal que ta gentillesse.
- Tout le monde est gentil monsieur, il faut juste trouver quelqu'un avec qui partager sa gentillesse.

John posa sa main sur la tête de l'enfant.

-Va mon enfant, profite de ta vie.
- Au revoir monsieur. Ne sois plus triste pour moi s'il te plait.
- C'est promis.

lundi 15 mars 2010

Kalupto Chapitre 3

Alison était rentré chez elle avec l'étranger. Ils s'étaient fixés dans les yeux pendant un instant qui paru durer une éternité. Une sorte de danse s'était alors mise en route, Alison tourna plusieurs fois autour de l'homme vêtu de noir tout en le suivant du regard. Elle avait des attitudes presque félines, tendue, prête à bondir, exagérant chaque pas. La tension qui régnait dans la salle était presque palpable, et un combat silencieux et immobile semblait se dérouler entre deux fauves déguisés en humains.

Soudain elle passa à l'attaque. Elle l'agrippa par derrière, ses mains serpentant lentement le long de son torse. Il restait immobile, de marbre face à ses caresses. Elle le jeta sur son lit et il se laissa docilement dominer. Elle lui bondit dessus, toujours avec une souplesse digne d'une panthère. Elle ouvrit un à un les boutons de la chemise de l'étranger. Son souffle chaud effleura sa peau alors qu'elle glissait ses lèvres sur sa poitrine. Le corps de l'homme était glacé et aucune caresses ne suffisait à le réchauffer. Au bout de quelques instants, elle s'arrêta, le fixa droit dans les yeux et pris la parole.

- Au fait, je ne sais toujours pas ton nom étranger.
-Gabriel, répondit-il.

*

Il était maintenant quatorze heure et la petite ville était vivante. Tout le monde vaquait à ses occupations, dans un petit brouhaha agréable.
Alison fumait en observant toutes ces petites fourmis, travaillant dur, vivant leur monotone vie, comme tous les jours, sans se poser de questions, insouciantes du monde qui les entourait.
Comme elle aurait aimé jouir d'une vie banale comme la leur. Une maison, des enfants, un mari simple, une vie banale, car pour elle qui ne connaissait pas la banalité, elle avait un attrait spécial pour celle-ci.

Elle jeta son mégot sur la chaussée et pénétra dans le saloon.
à l'intérieur, les discussions allaient bon train, comme à leur habitude. Une forte odeur de tabac flottait dans la salle, et la fumée était si dense qu'elle formait un brouillard qui transformait tous les occupants éloignés en formes indéfinissables.

La porte s'ouvrit violemment et un homme entra en trombe, essoufflé et suintant, une expression d'horreur lui tordant le visage.

- ça y est ! S'écria-t-il.

Un des clients se tourna vers lui.

- Qu'est ce qu'il "y est" ?
- La fin ! Je l'avais prédis ! La fin est proche !
- La fin du monde ? lui répondit le client en riant
- Vous avez tort de rire ! Repentez-vous !
- Et qu'est ce qui vous fait dire ça ?
- Vous ne le sentez pas ? Regardez à l'intérieur de vous-même, vous saurez.

Le patron choisit ce moment pour se diriger vers l'homme.

-John, je t'aime bien, mais il faut que tu y ailles, tu fais peur aux clients.
-Mais Albert, le monde doit savoir ! Les gens doivent accepter et se préparer pour l'autre vie !

Le patron agacé poussa l'étrange homme hors du bar, et l'accompagna dehors.

Alison se rapprocha du client qui observait la porte d'où était sortit les deux hommes.

- Ne faites pas attention à John, il n'est pas méchant, juste un peu fou.
- Ne vous en faites pas, j'ai l'habitude, je suis psychiatre.
- Je me présente, George Mac Dougall.
- Alison White.
- Enchanté mademoiselle White.

Ils restèrent silencieux quelques secondes, puis il reprit la parole.

- Ce n'est pas de la mythomanie.

- Comment ?

- Votre John. Son comportement fait plutôt penser à de la schizophrénie.

- Une double personnalité ?

- Non, c'est une erreur assez commune de confondre la schizophrénie et le dédoublement de personnalité. Les deux sont des maladies mentales différentes. La paranoïa et le délire sont des symptôme assez caractéristique de la schizophrénie pseudonévrotique.

-Donc John est un schizophrène.

- C'est possible, mais une chose me choque.

-Quoi donc ?

- Il semble tellement croire à ses propos, qu'on a presque envie d'y croire à notre tour.

- Vous êtes un homme de foi ?

- Non, mais il n'est jamais trop tard pour changer d'avis...

mardi 2 février 2010

Kalupto Chapitre 2


Dessin d'Apolline

Quand il arriva dans la ville, un vent glacé soufflait doucement. Cependant, stoïque, il marchait tout droit, d'un pas décidé, imperturbable. Ses pas émettaient un son de craquement sur le sol caillouteux. Le silence régnait toujours dans les environs. Seul le vent poussait de petites plaintes en filtrant à travers les fondations en bois. Ses longs cheveux noirs lui fouettaient le visage à intervalles de temps réguliers en virevoletant dans le vent. Alors qu'il passait devant l'épicerie, il tomba nez à nez avec une femme rousse d'une grande beauté.

- Je ne vous ai jamais vu dans le coin vous lui dit-elle d'une voix fatiguée.

L'homme aux longs cheveux noirs resta silencieux, la fixant de ses yeux noirs qui luisaient dans l'ombre du chapeau sur son visage.

- Que se passe-t-il étranger ? Muet ?

Il prit enfin la parole, sa voix était douce.

- Je suis un musicien voyageur, je voyage de ville en ville pour partager le son de la musique.

- Ne le prenez pas mal, mais je doute que ça intéresse quelqu'un ici, d'écouter de la musique. Les gens de cette ville sont trop pourri pour apprécier la bonne musique.

-Vous semblez bien cynique. La musique réveille la beauté dans les gens.

- Les gens de cette ville ne sont pas beau, bonne chance pour réveiller quelque chose qui n'existe pas. Vous allez jouer où ?

- La où on voudra de moi.

- Je ne vous promet rien, mais le patron du bar où je travaille engage parfois des musiciens, je peux essayer de vous arranger quelque chose.

L'homme la fixa et esquissa un maigre sourire.

- Vous voyez, au moins une personne dans cette ville est belle, et je n'ai même pas encore commencé à jouer.

*

Le bar était très peu fréquenté à cet heure matinale, cependant, certains lève-tôt ce réunissaient pour discuter autour d'un café en famille, entre amis.
Deux amis tenaient une discussion animée.

- Donc selon toi, si une force mystique existait, un dieu ou quoi que ce soit, et qu'il avait des avatars, ceux-ci abuserait de leur pouvoir ?

La serveuse déposa deux pichets de bière à côté d'eux en souriant au plus jeune des deux.

- Mais oui Alex, c'est évident. Si tu étais un de ces avatars, n'abuserais-tu pas de ton status ?

-Moi oui Albert, mais je suis un humain, dans le cas où une force mystique existait, elle ne désignerait pas un humain pour la représenter !

- Pourquoi ?

- Mais parce que l'homme est l'être le plus cupide qu'il soit !

- Oui, mais qui l'empêche de créer un homme sans cupidité ?

- Mais alors s'agirait-il vraiment d'un homme ?

La porte du bar s'ouvrit et un vent glacial se diffusa dans la salle réchauffée par la chaleur humaine. Tout le monde se tourna pour observer l'étranger qui venait de pénétrer la salle. Ses bottes claquant sur le sol, il baissait légèrement la tête, ses yeux et une partie de son visage était couvert d'ombres et de cheveux qui lui cachait des parties du visage. Il se dirigea vers le patron, qui se tenait derrière le comptoir. Il lui adressa la parole et il commencèrent à discuter. Presque tout le monde avait l'oreille tendue, mais ils parlaient doucement, de telle façon qu'il était impossible de les entendre, à moins de se situer à moins d'un mètre d'eux.

Quand ils eurent finit de parler, l'étranger monta sur la petite estrade au fond du bar, sortit sa guitare, une belle guitare rouge bordeaux avec des cordes dorées. Il fit un accord et le silence total se fit, même le groupe bruyant à côté de l'estrade se tu immédiatement. Il se mit à chanter de sa douce voix mélancolique.

It's the end of the world, and it's a long day
It's the end of the world, birds of prey
Believe what you may, you wont push it away
Times a' coming, the clock's a' ticking
It's the end of the world, and it's a long long day...

Le monde s'étaient arrêté dans la salle, plus rien ne bougeait. Tout le monde était agrippé à ses lèvres, leurs yeux et leurs oreilles en symbiose avec la voix de l'étranger , sa guitare et son aura mystique. Il n'avait pas une voix extraordinaire, mais quelque toucha leurs coeurs respectifs.

Il termina, rangea son instrument et se dirigea vers la porte où l'attendait Alisson. Il sortirent tout les deux sans dire un mot.
Après un moment de silence, les gens se reprirent leurs conversations.

*


mardi 19 janvier 2010

Kalupto Chapitre 1




Elle écarta d'un revers de la main l'ignoble masse qui suintait, la tête sur son sein. Elle ne ressentait même plus de dégoût envers sa clientèle.
Le père d'Alison l'avait abandonnée dés son plus jeune âge, elle avait dû gagner sa vie comme elle pouvait. Avec sa peau blanche et laiteuse, ainsi que ses beaux cheveux roux, elle attirait beaucoup de clientèle. Une seule chose étrange brisait son charme indéniable, son oeil gauche était complètement blanc, sans iris ni pupille, ce qui lui donnait un air mystérieux. Elle le cachait généralement avec ses cheveux, bien que ses clients habituels, assoiffés de chair, étaient préoccupés par autre chose que son oeil.

Il faisait sombre dans sa chambre, à part les doux filets de la lumière qui filtraient à travers les volets. Il faisait chaud et humide, malgré le temps hivernal qui régnait à l'extérieur. Elle aimait l'hiver, tout était calme, le calme était son seul véritable ami. Il ne lui réclamait rien, et elle lui rendait la pareille, une des rares relations saine dont elle jouissait. Elle se tourna vers le petit homme chauve qui gisait sur le lit à côté d'elle. Elle le tapota du doigt et devant l'absence de réponse elle se leva, enfila ses sous-vêtements, sa robe noire. Elle prit ensuite congé du monsieur, non sans lui avoir fait les poches.

Une fois dehors, elle profita un instant de la bise fraiche qui lui caressait la joue. La rue était silencieuse, morte, un début de journée hivernale normale. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de contempler la ville comme si quelque chose allait se passer. Elle ne put réprimer un profond sentiment de regret. Alison ne connaissait pas sa provenance, et elle le chassa de son esprit pour enfin se mettre en marche. Au loin, un chien poussa un long hurlement...

*

Il avait voyagé à bord de ce camion pick-up depuis un moment, et il n'avait toujours rien dit au propriétaire du camion en question, un vieil homme à l'air sympatique, au cheveux grisonnants et aux petits yeux intelligents perdu au beau milieu des gravures des âges qui donnaient du caractère à son visage anguleux. Le vieillard était intrigué par ce jeune homme qu'il avait pris en stop. Celui-ci était entièrement habillé en cuir noir, avec comme couvre-chef un chapeau de cow-boy, noir lui aussi, d'où pendaient des longs cheveux noirs et fins qui serpentaient sur ses joues comme un filet d'eau sombre. Sa peau était d'une étrange pâleur, et ses lèvres roses à la limite du rouge luisaient, en contraste avec son visage blanc. A ses pieds se trouvait un étuis de guitare, noir lui aussi.

Le vieillard en déduisit qu'il devait faire partie d'un quelconque groupe de musique. Il voulait lui parler, mais quelque chose en lui l'en empêchait, quelque chose qui le rendait inaccessible. Il se contenta donc de conduire vers sa destination, sans dire un mot...

*
Alison traversa la rue déserte pour entrer dans l'épicerie où l'épicière, une vieille dame à l'allure sévère, l'accueillit avec un mince sourire.

- Bonjour Alison.
- Bonjour madame Goldberg.

La vieille épicière était une très belle femme qui s'était transformée à la mort de son mari, quelques années auparavant. Elle s'était renfermé sur elle-même et s'était changé en une vieille aigrie, associale et bougonne, que tout le monde prenait bien soin d'éviter soigneusement.

L'épicière appréciait la présence d'Alison. Malgré son métier, dont elle n'approuvait pas, elle aimait bien cette petite rousse, calme et respectueuse.
Elle voyait bien que la jeune fille avait vécu son lot d'évènements horribles, et elle respectait son courage. Depuis la mort de son mari, madame Goldberg ne s'était attachée à personne, s'éloignant petit à petit de ses proches, mais avec Alison, c'était différent. L'épicière voyait en elle la fille qu'elle n'avait jamais eu. Alison attrapa deux bières et un paquet de cigarettes et les déposa sur le comptoir. L'épicière la fixa dans les yeux.

- Tu sais que ces saloperies te tueront.
- La vie aussi madame Goldberg.

*
Le vieillard regarda le jeune homme aux longs cheveux noirs s'éloigner dans la direction de la petite ville devant laquelle il venait de le déposer.
Il était descendu sans dire un mot, après avoir pincé le devant de son chapeau en signe d'adieu. En le regardant partir, le vieillard eu un pincement au coeur, un sentiment de nostalgie qu'il ne s'expliquait pas. Il se gratta la tête et se remis au volant de sa voiture. Il toussota et reprit sa route.

*